Textes





Mécanique Céleste est conçue en 2019, après la découverte en 2016 d’une nouvelle forme appelée « triangle de Reuleaux ». Mis en lumière au 19e siècle par Franz Reuleaux, ingénieur allemand, ce triangle bombé révèle alors des propriétés mécaniques, jusque-là insoupçonnées. Obtenue à partir de l’intersection de trois cercles, chaque courbe du triangle de Reuleaux est de largeur constante, donc identique aux deux autres. Elle confère à la forme une dynamique parfaitement circulaire.

En phase avec mes avancées sphériques, spatiales et cosmiques, cette découverte alimenta mon désir de matérialiser le mouvement. 

En intervenant le moins possible sur la forme, que je trouvais par ailleurs très féminine, je décidais de la complexifier, physiquement et visuellement, afin d’en extraire une dynamique me permettant de l’inscrire définitivement dans l’espace temps.

Le procédé choisi alors fût simple : 

Deux triangles bombés identiques, assemblés par emboîtement et mis en tension.

Le volume ainsi obtenu repose sur deux courbes et joue de son instable stabilité, le point de tangente variant légèrement en fonction des aléas temporels et atmosphériques de son environnement.

Envisagée pour l’extérieur et conçue en acier brut, Mécanique Céleste s’offre aux intempéries qui viennent inscrire le passage du temps sur sa surface. Elle se déploie dans un espace courbe, alimentant ainsi l’intarissable conversation entre historicité terrestre et cosmogonie.











A propos de l'exposition "Fois deux"

Entre l'oeuvre de Loredana Rancatore et celle de Caroline Cassel, c'est comme si la sculpture et la peinture en se rencontrant échangeaient leurs propriétés.
Les sculptures de loredana posent en quelque sorte des questions de peinture: tension forte au sein d'un cadre, matière portant comme la trace d'un mouvement comparable à celui de la touche. 
Dans les premières oeuvres d'ardoise, le volume tend à l'intériorité, comme un espace du dedans qui se trouverait transposé en surface. Les formes géométriques fondamentales sont complexifiées par un travail de texture, d'une matière crénelée, stratifiée, assemblée à partir de brisures d'ardoise. 
Surfaces planes où se recoupent différents plans qui créer une impression de mouvement, évoquant alors les plissements tectoniques de la lithosphère. C'est un travail d'où la couleur est exclue mais qui possède sa propre vibration monochrome, une absorption du regard et presque du toucher, sensation haptique autant qu'optique.
En apparence, la blancheur et la planéité de surface des "Polyêtres" contrastent avec ces premiers travaux, mais c'est encore ici un mouvement qui s'ébauche: après la stratigraphie, une diagonale dans l'espace pour ces lignes cette fois nettes mais aux multiples replis.

Boris Monneau, A bras le corps, extrait.


 





La série Polyêtre rassemble des polyèdres à quatre et six faces. Ces volumes blancs sont nés du désir d'évoquer la durée. Ils s'affirment dans l'immédiateté par leur résonance lumineuse.
Dans l'espace devenu environnement, ils se déploient avec amplitude et éprouvent leur autonomie en l'actant de leur simple présence. Des mises en relations peuvent alors opérer.
Les lignes constitutives de ces formes sont des lignes fortes de tension, voir de pression. Elles contraignent la forme et participent à son développement. La dynamique interne aux volumes n'est pas contenue. Elle poursuit son ascension au delà du visible.
Un mouvement continu s'inscrit dans la durée. Une durée singulière, une présence au monde rendue possible dans l'espace aiguisé de la perception.






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